Longtemps perçu comme une simple fête commerciale importée des États-Unis, le Black Friday est devenu, en 2024, un champ de bataille social et politique à l’échelle mondiale. Amazon, Zara, Fnac : derrière la pluie de promotions, plusieurs multinationales se retrouvent confrontées à des mobilisations coordonnées, mêlant revendications sociales, critiques environnementales et contestation idéologique. Une évolution qui transforme profondément cette période clé du commerce.
Un Black Friday sous tension : les mouvements sociaux se globalisent
Les appels à la grève ne se limitent plus à des revendications salariales locales. En 2024, ils prennent une ampleur mondiale, transformant le Black Friday en plateforme de contestation contre les grandes entreprises du numérique et de la distribution.
Le mouvement international « Make Amazon Pay », désormais incontournable chaque fin novembre, illustre cette mutation. Actif du 28 novembre au Cyber Monday, il mobilise des salariés, ONG et collectifs dans plus de vingt pays. Sa cible dépasse largement les conditions de travail dans les entrepôts : le mouvement dénonce le rôle géopolitique d’Amazon, l’usage de ses services cloud par les autorités américaines, son empreinte écologique ou encore les risques d’automatisation massive.
Une contestation idéologique qui fait du Black Friday un moment symbolique pour interpeller une entreprise devenue tentaculaire.
Zara sous pression : la question du partage des profits revient au cœur du débat européen
L’enseigne de fast fashion Zara est, elle aussi, rattrapée par des revendications transnationales. Syndicats espagnols, italiens, portugais ou français veulent profiter du pic d’activité du Black Friday pour réclamer le retour du partage des profits, supprimé après la pandémie.
Inditex, maison mère de Zara, affiche pourtant des résultats record, ce qui nourrit la colère des représentants du personnel : ils exigent une redistribution « juste et équitable » des gains générés par les salariés.
L’ampleur des débrayages reste difficile à anticiper, mais l’écho médiatique de l’appel confirme que la fast fashion est devenue un terrain central des luttes sociales européennes.
À la Fnac, un « vendredi rouge » pour dénoncer la dégradation sociale
En France, les syndicats Sud et CGT appellent à un « vendredi rouge » dans l’ensemble des magasins Fnac. Ils dénoncent une inflation des projets jugés « antisociaux », réclament une augmentation générale des salaires et demandent des embauches immédiates pour réduire la surcharge de travail.
Avec près de 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le groupe est accusé de ne pas suffisamment redistribuer la richesse produite par ses équipes.
Une date devenue stratégique pour les salariés comme pour les entreprises
Si le Black Friday est devenu un moment privilégié de contestation, ce n’est pas un hasard : il représente 15 % à 20 % du chiffre d’affaires annuel de certains acteurs du commerce en ligne. En 2024, la période a généré 6,2 milliards d’euros de ventes en France.
En choisissant ce moment-clé, les syndicats mettent la pression au moment où les entreprises sont le plus vulnérables.
Du simple événement commercial, le Black Friday est désormais devenu un phénomène social mondial, où s’affrontent enjeux économiques, écologiques et revendications salariales.













