Alors que la guerre en Ukraine entre dans une nouvelle phase d’incertitude, le plan américain en 28 points pour un cessez-le-feu fait émerger une intense bataille diplomatique entre Washington, Moscou, Kiev et l’Union européenne. Si la Russie voit dans cette proposition des éléments « positifs », le Kremlin insiste sur la nécessité d’« échanges approfondis », affirmant ne pas avoir été associé à la réécriture du document. Ce plan, initialement perçu comme favorable à certains intérêts russes, a été largement retravaillé à la demande de l’Ukraine.
Selon Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Moscou n’a discuté avec Washington que « dans les grandes lignes », avant que Kiev ne modifie une grande partie du texte. Plusieurs dispositions de la version originale, notamment des cessions de territoires ou l’abandon de l’adhésion à l’Otan, avaient suscité la colère de responsables ukrainiens et de plusieurs capitales européennes, qui y voyaient une « quasi-capitulation ».
Face à ces critiques, une réunion d’urgence a été organisée dimanche à Genève entre représentants ukrainiens et américains afin de réviser les points les plus sensibles du document. La Russie, absente de cette rencontre, dénonce un processus qui l’écarte volontairement, estimant que « beaucoup d’éléments essentiels doivent être discutés entre experts ». Le Kremlin a également rejeté la contre-proposition européenne, qualifiée de « pas du tout constructive », signe des divergences persistantes entre Moscou et l’Union européenne sur les conditions d’une éventuelle paix.
Au cœur de ces échanges, Washington joue désormais un rôle central. L’envoyé spécial du président américain, Steve Witkoff, est attendu début décembre à Moscou pour présenter directement les intentions américaines au Kremlin. Il devrait être accompagné de plusieurs hauts responsables du dossier ukrainien, et Donald Trump a même évoqué la possibilité d’envoyer son gendre Jared Kushner. Pour Moscou, cette visite pourrait clarifier les zones de flou, même si Ouchakov reconnaît que rien n’a encore été négocié « en détail ».
Kiev, de son côté, pousse à une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump afin d’obtenir des garanties sur la version révisée du plan. Le président ukrainien estime que certains « principes » américains pourraient ouvrir la voie à « des accords plus profonds », tout en soulignant que « beaucoup dépend désormais de Washington ». Il juge aussi « cynique » que Moscou intensifie ses frappes alors que des discussions de paix sont en cours.
Sur le terrain, la situation reste critique pour l’armée ukrainienne, affaiblie par le manque d’hommes et d’équipements. Les forces de Kiev continuent de défendre les dernières positions du Donbass, région stratégique que Moscou veut à tout prix conquérir.
Entre initiatives diplomatiques concurrentes, divergences transatlantiques et pressions militaires continues, le plan américain apparaît désormais comme le cœur d’un bras de fer international où chaque acteur tente d’influer sur les conditions d’une hypothétique paix.













